La rétention d’eau

La plupart du temps, dans l’esprit des patients lors des consultations en phlébologie, il y a confusion entre rétention d’eau et cellulite. Il est donc nécessaire de distinguer les deux ; contrairement à la cellulite qui est en effet essentiellement de l’eau mais sous forme graisseuse et intracellulaire (les adipocytes), la rétention d’eau est constituée d’eau sous forme liquide et répartie de manière libre.

Causes et facteurs de risque

Au niveau des jambes, la principale cause est un dysfonctionnement veineux ou lymphatique (insuffisance veineuse ou lymphatique) donc un mauvais retour circulatoire. Cela est augmenté par l’inactivité car la contraction des muscles (essentiellement du mollet) est importante pour ce retour ; on parlera dans ce cas d’insuffisance veineuse « fonctionnelle ». 

 

Que ce soit au niveau des jambes ou d’autres organes, d’autres causes sont possibles : la grossesse, du fait essentiellement de son impact hormonal (mais aussi en raison d’une augmentation du volume sanguin circulant et de l’augmentation de la pression veineuse) est une cause fréquente d’œdème ; un dysfonctionnement rénal pourra aussi favoriser un œdème du fait d’une mauvaise élimination. 

 

Une atteinte cardiaque entrainant un mauvais retour veineux, une anomalie thyroïdienne (impact hormonal), une malnutrition (notamment en protéines), certains médicaments sont autant de causes d’œdème.

Signes cliniques de la rétention d’eau

Le symptôme le plus fréquent et facile à observer est un gonflement (œdème). Il peut concerner différentes zones du corps (les jambes bien sur mais aussi le visage ; si les patients sont allongés longtemps (handicap, patients hospitalisés, personnes âgées), l’œdème pourra concerner le dos et l’arrière des jambes, « l’eau « descendant vers le bas du fait de son poids. Si l’œdème concerne des organes internes, cela peut créer des douleurs locales. Dans tous les cas, si l’œdème est assez important, il y a une prise de poids.

Risques associés

Ce gonflement important va avoir tendance à fragiliser la peau, ce d’autant qu’un dysfonctionnement veineux en sera la cause. Le fait de sentir les jambes très lourdes va limiter la marche, l’exercice ; La baisse de la contraction musculaire induite par le manque d’exercice va augmenter le dysfonctionnement veineux et donc l’œdème… et l’on tombe donc dans un cercle vicieux.

Attention en cas d’œdème dans les poumons (œdème pulmonaire), le risque peut être vital.

Qui consulter ? Examens ?

Un œdème est facilement mis en évidence par un examen clinique en consultation de médecine générale qui donnera une piste quant à l’origine en fonction des caractéristiques du patient. Pour le caractériser, un échodoppler veineux lors d’une consultation en angiologie-phlébologie sera réalisé pour en préciser la cause et évaluer l’aspect quantitatif.

Solutions et traitements de la rétention d’eau

Il faut tout d’abord définir la cause et la traiter le cas échéant.


Si la cause est veineuse
, on conseillera une contention (compression médicale élastique) de classe 3, la classe 2 plus souvent portée donnant peu de résultats en cas d’œdème ; Des veinotoniques pourront venir augmenter le soulagement de la sensation de lourdeur crée par cet œdème.
Des drainages lymphatiques manuels (éviter le recours à la pressothérapie par bottes sans drainage manuel préalable) pourront limiter un œdème à condition que son origine lymphatique soit établie.
Le recours aux diurétiques pourra parfois s’imposer en fonction de la cause et de l’importance d’un œdème.
On évitera l’excès de sel dans l’alimentation.
Une mobilité régulière sera demandée si possible. Les sports entrainant une bonne contraction musculaire régulière seront conseillés. La surélévation modérée des pieds du lit sera conseillée (sauf cause cardiaque).

 

Les erreurs à éviter en cas de rétention d’eau

Laisser s’installer un œdème. Au-delà du risque lié à la pathologie sous-jacente méconnue dans ce cas, plus un œdème est ancien, plus il sera difficile à traiter.
Ne jamais traiter un œdème sans en connaitre la cause (par exemple, la contention forte prescrite pour faire diminuer un œdème des jambes sera contre indiquée en cas d’origine cardiaque ou rénale)
Le recours aux diurétiques doit être limitée et encadrée.